Le 6 septembre 2022, la salle des fêtes de La Motte accueillait une réunion d’information sur le futur Pôle de Transition Environnementale (PTE). La DPVa (Dracénie Provence Verdon agglomération, la communauté d’agglomération dont dépend 28 communes dont Draguignan et la Motte en Provence) tenait à apporter à la population une présentation des enjeux environnementaux et économiques auxquels sera supposé répondre ce projet.
La salle était pleine de monde ce soir là pour écouter ce que la communauté d’agglomération avait à dire. Il est vrai qu’une partie de l’audience était assez contrariée par les maladresses de communications passées. En effet, la population a appris l’existence de ce projet par Var Matin suite aux délibérations de la DPVa, sans avoir été consultée auparavant, alors que le projet qui devrait s’implanter sur la limite entre Draguignan et la Motte sera seulement à un gros kilomètre de leurs habitations. L’incompréhension s’ajoutait donc aux craintes des nuisances qu’un tel projet serait susceptible d’engendrer.
C’est donc pour tenter d’apaiser ces tensions et surtout pour donner un éclairage assez complet sur le projet que les élus, personnels de la DPVa et animatrice de la réunion sont venus à la rencontre des administrés de la Motte, avant de faire de même à Trans en Provence la semaine prochaine.
Nathalie Gonzales, maire des Arcs, vice présidente de la DPVa et élue déléguée à la transition énergétique et au développement durable à la DPVa, Sophie Dufour, membre du bureau DPVa en charge de la gestion et de la valorisation des déchets, Véronique Morsetti, directrice générale adjointe DPVa, Camille Léau en charge de l’exploitation du traitement des déchets de la DPVa et Jérôme Brelurut, directeur de la collecte et du traitement des déchets DPVa ont présenté un diaporama expliquant les tenants et les aboutissants du projet. Valérie Marcy, Maire de La Motte et vice présidente DPVa siégeait à la table des intervenants en tant qu’hôte de la réunion et afin de pouvoir répondre aux questions spécifiques au village.
La fermeture du centre d’enfouissement du Balançan, au Cannet des Maures a engendré un surcoût du traitement des ordures ménagères d’environ 10 millions d’euros pour les 40000 tonnes produites chaque année sur le territoire de la DPVa. En effet, ces ordures ont dû être transportées ailleurs, engendrant des coûts supplémentaires et une pollution liée au transport plus importante. La DPVa a alors pris la décision de viser l’autonomie du traitement de ses déchets. Le centre d’enfouissement de déchets ultimes (comprendre les déchets qui restent quand tout ce qui pouvait être recyclé ou valorisé l’a été) du Vallon des Pins à Bagnols en Forêt accueille actuellement les ordures produites, mais n’en accueillera plus que 17000 tonnes en 2026. C’est cette échéance et cet objectif de réduction de la quantité de déchets ultimes qui justifie pour la DPVa la nécessité de la création du Pôle de Transition Environnementale.
Le projet se veut innovant. Jérôme Brelurut a présenté des schémas explicatifs des flux semblant indiquer que les ordures ménagères collectées (37000T en 2022) entrent dans la section du PTE dédiée au tri et en ressortent à 40% sous forme de déchets ultimes destinés à partir vers le centre d’enfouissement de Bagnols en Forêt. Les 60% restant seraient donc converties en en eau (25%), en produits valorisés (5% principalement du métal), et en Combustible Solide de Récupération (CSR, 30%). Ce dernier sera utilisé sur place dans une chaudière destinée à produire de la chaleur pour chauffer les bâtiments publiques de Draguignan, de l’électricité, et de l’eau distillée. M Brelurut a assuré que tout le site était étudié et conçu de sorte qu’il n’y ait pas d’émission d’odeurs et une pollution sonore quasi nulle. La chaudière de son côté posséderait un système de filtration des fumées extrêmement performant. Ainsi, le niveau de particules émises par la combustion serait indétectable dans l’air au delà de 100m autour de la cheminée. De plus, le rendement de la combustion serait excellent : les cendres résiduelles représenteraient seulement 2% de la masse de combustible initiale. Ces cendres devraient pouvoir être enfouies dans un centre de classe 3.
Concernant le financement des 60 millions d’euros sur 25 ans nécessaires à la réalisation de ce PTE, la DPVa souhaite faire le choix d’une forme de partenariat public-privé permettant un contrôle renforcé de la part du public (SEMOP), notamment pour éviter les dérives tarifaires. L’envergure du projet, présenté comme l’un des plus gros entrepris par cette mandature, ne pouvait pas être réalisée sur les fonds propres de la communauté d’agglomération. L’objectif pour l’agglomération est d’avoir une certaine stabilité de la Taxe sur l’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) en essayant de la limiter à 12,6% des la taxe foncière, taux pratiqué en 2022, alors qu’elle était de 12% en 2021.
Du côté des habitants et des associations représentées lors de la réunion, on craint que la réalité soit bien moins rose que ce qui a été présenté : craintes pour la santé des riverains, pollution visuelle, olfactive, sonore, pollution de l’eau des nappes phréatiques, augmentation significative du trafic routier, efficacité moindre, hausse des impôts… De plus, l’implantation du site est prévue sur une parcelle aujourd’hui couverte de forêt, classée N au Plan Local d’urbanisme, ce qui suscite un mécontentement supplémentaire. Richard Strambio, maire de Draguignan et président de la DPVa, n’ayant pas pu assister à cette réunion, a affirmé assumer complètement le choix de cet emplacement. Enfin, la population reproche à la DPVa un manque de communication, de consultation, et a l’impression d’être mise devant le fait accompli. En réponse, la DPVa s’est engagée à convier des habitants et des représentants d’associations lors des prochaines étapes d’élaboration du projet.
La fin de la réunion a laissé une place à certaines digressions concernant les nombreux problèmes constatés cet été sur le ramassage des ordures et les points d’apports volontaires mis en place dans les communes de la DPVa.
La route est encore longue avant que le Pôle de Transition Environnementale ne voit le jour, mais les échéances arriveront vite. La communauté d’agglomération et les habitants devront nécessairement trouver un terrain d’entente sans quoi tout le monde sera perdant, y compris l’environnement. N’oublions pas que chacun est en mesure de contribuer à son échelle à l’amélioration de la situation en se rappelant que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas.